Les semaines défilent et rien ne se décide encore de l’après-25 juillet. Rien, c’est beaucoup dire, on en convient tous, à présent. On sait tous, maintenant (on s’en doute, au moins), vers quoi se dirige le pays, vers quoi lorgnent Kaïs Saïed et (certifient les sondages) près de 80% des Tunisiens.
Le plus probable, le plus patent, vers une rupture totale avec ce qui a précédé. Avec la République de 2014, avec sa Constitution, avec ses institutions. Le peuple y a appelé net et en manifestant en masse. Et KS y a obtempéré le soir même. Et il y obtempère encore aujourd’hui. Ce qui se profile alors, l’essentiel de l’après-25 juillet? Pas spécialement la désignation d’un Premier ministre, ni le fait de compléter le gouvernement (le FMI l’exige, cela suivra de toute façon), mais des textes et des compétences pour jeter les bases de la République de demain. Notre futur proche est renouvellement. Plutôt référendum, plutôt nouvelle loi électorale, plutôt réélections. Retour en arrière banni. Plutôt remise à plat.
Est-il une autre option ?
Les politiciens pris de court, les juristes excessifs, et les dénonceurs du «coup d’Etat» proposent de rester dans la légalité en procédant par simples amendements. Deux objections néanmoins. La première est que les manifs du 25 juillet exigeaient de rompre avec le tout. La seconde, la plus décisive, croyons-nous, tient à la personnalité même du Président. Aux valeurs qu’il défend. D’une certaine manière, aussi, à son expérience politique récente et à son idéologie.
Kaïs Saïed ne croit pas à la démocratie parlementaire. Président populiste ? Peut-être bien, mais les présidents populistes n’ont généralement pas son goût et son respect des libertés. Des policiers matraqueurs ont visiblement trahi sa confiance mercredi 1er septembre, avenue Bourguiba. A sa façon de convoquer tout le monde on a compris : ils paieront. Kaïs Saïed a surtout la réputation d’être un «ennemi des partis». Et pratiquement, comme idéologiquement, reconnaissons-le, nos partis lui donnent à peu près tous raison.
Cela dessine assez la République de demain.